photos d’enfants en ligne

Pourquoi il ne faut pas publier certaines photos d’enfants en ligne ?

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Qui n’a jamais voulu partager ces petits moments de joie, ces sourires d’enfants qui illuminent une journée ? Publier ces photos sur les réseaux sociaux semble naturel, surtout pour garder le lien avec la famille ou les amis. Pourtant, derrière cette envie sincère se cache une réalité plus préoccupante. Ce phénomène, appelé sharenting (contraction de share et parenting), désigne la tendance des parents à diffuser des images de leurs enfants en ligne. En France, plus de la moitié des parents ont déjà partagé des photos de leurs enfants, ce qui, bien que courant, peut exposer à des risques souvent méconnus. Ce qui pourrait sembler anodin à première vue peut pourtant entraîner des risques sérieux, souvent ignorés.

photos d’enfants en ligne

Pourquoi la prudence s’impose

Vous pensez peut-être que ce n’est pas grave de partager une photo toute mignonne de votre enfant jouant dans le jardin ou en train de souffler ses bougies ? 

Eh bien, détrompez-vous. Samuel Comblez, psychologue de l’enfance et directeur des opérations à l’association e-Enfance/3018, rappelle que même des clichés très simples, pris sans la moindre mauvaise intention, peuvent tomber entre de mauvaises mains. Celles de personnes malveillantes qui n’ont aucune limite, comme les pédocriminels, qui utilisent ces images à des fins extrêmement néfastes.

L’avancée fulgurante des technologies, notamment l’intelligence artificielle, rend la menace encore plus préoccupante. Imaginez un instant que le visage de votre enfant soit manipulé, collé sur une autre photo ou vidéo compromettante. Une idée effrayante, qui, malheureusement, n’est plus de la science-fiction mais une triste réalité. Ce n’est pas pour faire peur gratuitement, mais pour inciter à une vigilance accrue, car les conséquences sont irréversibles.

Comment mieux protéger ses partages

Restreindre la diffusion, voilà le maître mot. Garder ces images dans un cercle très restreint, c’est éviter bien des tracas. Cela demande un peu d’attention, mais pas besoin de révolutionner son quotidien.

Quelques conseils simples à retenir :

Sur Instagram, par exemple, la fonction « Amis proches » permet de limiter la visibilité. Cette option, un peu méconnue, mérite d’être utilisée, même si elle paraît contraignante. Mieux vaut un petit effort que d’exposer la vie privée d’un enfant sans le vouloir. Cela peut aussi passer par une gestion fine des paramètres de confidentialité, que beaucoup sous-estiment.

Protéger l’intimité et le droit à l’image de l’enfant

Un autre aspect essentiel à ne jamais perdre de vue : la volonté de l’enfant lui-même. Même s’il est encore petit, il peut avoir son mot à dire, son consentement à donner ou refuser, surtout lorsqu’il grandit. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) rappelle que les mineurs disposent d’un droit à l’image, et que ce droit doit être respecté avec sérieux.

Pour protéger cet espace personnel, quelques gestes simples peuvent changer la donne :

  • Photographier l’enfant de dos, ou masquer son visage avec un emoji ou un flou
  • S’abstenir de publier des photos qui dévoilent des moments trop intimes ou personnels
  • Préférer l’envoi en messagerie privée à la publication sur un compte accessible au public

Il faut aussi garder en tête qu’une capture d’écran est une opération silencieuse, qui échappe souvent à l’attention. Une photo peut être copiée sans aucun signe apparent, ce qui rend la maîtrise totale de la diffusion quasiment impossible. Cela souligne l’importance de la prudence avant même de poster.

Une vigilance collective nécessaire

Au-delà des précautions individuelles, c’est aussi une réflexion collective qui s’impose. Parler du sharenting avec ses proches, ses amis, est indispensable. Trop souvent, les gens ne mesurent pas les conséquences d’un partage bien intentionné. Mais en sensibilisant son entourage, on crée un cercle vertueux, où la protection des enfants devient une préoccupation partagée.

Les écoles, les associations parentales, les professionnels de la petite enfance ont également un rôle à jouer. Proposer des formations, des ateliers, ou tout simplement des discussions ouvertes autour de ces sujets, permet d’éveiller les consciences.

Quelques conseils pratiques à garder en tête

  • Penser avant de publier : s’interroger sur l’utilité réelle de la photo
  • Utiliser les paramètres de confidentialité des réseaux sociaux de façon rigoureuse
  • Discuter avec son enfant pour connaître son ressenti sur ces partages
  • Faire attention aux informations visibles sur les photos (adresse, école, lieux fréquents)
  • Garder un œil sur les abonnés et leurs activités

Un partage réfléchi, un acte d’amour

Partager des photos de ses enfants, c’est une manière d’exprimer fierté et tendresse. C’est aussi un plaisir de connecter avec ses proches. Mais ce plaisir ne doit pas éclipser la nécessité d’une vigilance bienveillante. Limiter la diffusion, sélectionner ses interlocuteurs, respecter la vie privée des enfants : ce sont des gestes simples, à portée de main, qui contribuent à leur protection sur le long terme.

Dans ce domaine, il vaut mieux prévenir que guérir. Car une fois qu’une image est en ligne, il devient difficile, parfois impossible, de la contrôler. Ce que j’aime à retenir, c’est qu’avec un peu de réflexion et d’attention, il est possible d’allier partage et sécurité. Les enfants méritent que leurs souvenirs soient protégés avec autant de soin que les précieux moments qu’ils nous donnent à vivre.

Pour approfondir ces questions, il existe de nombreuses ressources et associations, prêtes à accompagner les familles, à donner des conseils, et à soutenir celles qui font face à des difficultés liées à la diffusion d’images.