prendre des antidépresseurs

Miansérine retirée du marché pourquoi et que faut-il savoir

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La miansérine, un antidépresseur souvent prescrit depuis les années 70, a récemment été retirée du marché français. Ce médicament, initialement conçu pour soigner la dépression majeure, était aussi largement utilisé pour améliorer le sommeil, notamment chez les personnes âgées. Mais pourquoi ce médicament, qui semblait avoir une place stable dans les prescriptions, a-t-il disparu ? Et que doivent faire aujourd’hui les patients concernés ?

Miansérine

Les raisons du retrait 

Ce qui a conduit à la décision de retrait n’est pas une simple précipitation. Depuis plusieurs années, les autorités de santé ont enregistré des signaux inquiétants liés à la sécurité d’emploi de la miansérine.

Les effets secondaires rapportés étaient nombreux et parfois graves :

  • Risques cardiovasculaires sérieux
  • Toxicité hépatique et rénale
  • Agranulocytose, une chute dangereuse des globules blancs pouvant entraîner des infections sévères
  • Somnolence excessive augmentant les risques de chute, particulièrement chez les personnes âgées
  • Convulsions à fortes doses
  • Aggravation possible d’idées suicidaires dans certains profils fragiles

Face à ces données, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a conclu que la balance bénéfice-risque penchait trop en faveur des risques. Le retrait a donc été décidé pour limiter les dangers, protéger les patients, et encourager une réévaluation des pratiques.

Retrait progressif et réalités

En 2023, le médicament princeps Athymil (marque commerciale de la miansérine) a été retiré en douceur, sans interdiction brutale. Les génériques sont restés disponibles, mais leur prescription est devenue plus encadrée. Cette démarche vise à éviter une rupture soudaine pour les patients tout en alertant professionnels et usagers.

Qu’est-ce que la miansérine et à quoi servait-elle ?

La miansérine est un antidépresseur tétracyclique qui agit en augmentant les niveaux de neurotransmetteurs comme la sérotonine et la noradrénaline dans le cerveau. Ces substances sont essentielles à la régulation de l’humeur et du comportement. Utilisée pour traiter la dépression majeure sévère, la miansérine possédait aussi un effet sédatif, apprécié pour ses propriétés calmantes qui aidaient certains patients à mieux dormir.

En effet, son usage a souvent dépassé le cadre strict de la dépression. Les médecins la prescrivaient parfois pour les troubles du sommeil, surtout chez les seniors, car elle semblait plus douce que d’autres hypnotiques classiques. Ce phénomène d’« utilisation hors AMM » (autorisation de mise sur le marché) est fréquent en médecine, mais il a ses risques.

Impact sur les patients et comment gérer le changement

Pour les personnes sous traitement, cette décision peut susciter de l’inquiétude. Arrêter un médicament aussi important demande une gestion médicale rigoureuse. Le sevrage progressif est essentiel afin d’éviter les symptômes de sevrage ou la rechute.

Recommandations pour une transition en douceur

Voici ce que les médecins conseillent souvent lors du changement :

  • Surveiller attentivement l’apparition de nouveaux symptômes ou effets secondaires
  • Proposer un suivi psychologique pour accompagner les changements émotionnels
  • Communiquer régulièrement avec le patient pour ajuster le traitement

Ce suivi attentif est primordial pour que la transition se fasse sans heurts et que la santé mentale reste stable.

Alternatives thérapeutiques possibles

Il existe aujourd’hui des solutions plus modernes et parfois plus adaptées, qui permettent de remplacer la miansérine sans perdre en efficacité.

Médicaments modernes

Les antidépresseurs de la famille des ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) et des IRSN (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et noradrénaline) sont souvent privilégiés. Ils ont un profil d’effets secondaires généralement plus favorable et sont bien étudiés.

Thérapies complémentaires et naturelles

Pour compléter ou alléger les traitements, certaines options non médicamenteuses méritent attention :

  • Phytothérapie (millepertuis, valériane)
  • Techniques de relaxation comme la sophrologie ou la méditation
  • Thérapie cognitive comportementale (TCC) pour mieux gérer l’anxiété
  • Amélioration de l’hygiène de sommeil (écrans, rythme, alimentation)

Le sommeil 

Un aspect important lié à la miansérine est son usage détourné comme aide au sommeil. Beaucoup de patients, surtout les seniors, ont reçu ce médicament pour « mieux dormir ». Mais le sommeil ne se résume pas à un médicament, ni à un simple symptôme à masquer.

Cette situation invite à réfléchir sur nos habitudes, le stress, les rythmes de vie, et la nécessité de prendre soin du sommeil autrement que par des pilules. Repenser son rapport au repos, intégrer des routines douces, ou encore consulter un spécialiste du sommeil, voilà des pistes qui méritent d’être explorées.

Ce que le retrait de la miansérine nous apprend

Le retrait de la miansérine souligne à quel point les médicaments doivent être régulièrement réévalués au regard des nouveaux savoirs et usages. Ce n’est pas une condamnation définitive, mais une invitation à la vigilance et à la prudence.

Pour les patients, cette transition est une occasion de se tourner vers des solutions plus sûres et adaptées à leurs besoins actuels, en bénéficiant d’un accompagnement médical et psychologique solide. Le corps et l’esprit méritent d’être écoutés avec bienveillance, au-delà des prescriptions.

La miansérine a apporté son aide à beaucoup, mais il est temps d’aller de l’avant, avec plus de clarté, de sécurité, et parfois un peu plus de douceur dans la manière de prendre soin de soi.